Depuis 732, une large partie de la péninsule ibérique est dominée par les musulmans. Le califat de Cordoue est un véritable empire, il domine le Maghreb et la péninsule ibérique. Toutefois, au nord de la péninsule, le royaume chrétiens des Asturies subsiste et se prépare à la reconquête. Au Xème siècle le royaume se limite à ses frontières naturelles que sont l’Ebre et le Douro.
Un bourguignon sur le trône de Portugal
Depuis 732, une large partie de la péninsule ibérique est dominée par les musulmans. Le califat de Cordoue est un véritable empire, il domine le Maghreb et la péninsule ibérique. Toutefois, au nord de la péninsule, le royaume chrétiens des Asturies subsiste et se prépare à la reconquête. Au Xème siècle le royaume se limite à ses frontières naturelles que sont l’Ebre et le Douro. Petit à petit d’autres royaumes naissent tels que la Galice, le Léon, la Castille, la Navarre et l’Aragon. Dès lors, et avec l’appel à la Croisade d’Urbain II en 1099, un large mouvement de Reconquête se met en place en péninsule ibérique. Les chrétiens présents attaquent l’Al-Andalus pour reprendre les territoires perdus jadis. A eux se joignent des croisés et des nobles (souvent des cadets) en quête de terre. C’est dans ce contexte guerrier qu’un bourguignon installé dans le comté de Portucale fait naître un nouveau royaume.
Les premiers comtes de Portucale
Rares sont ceux qui savent que le Portugal a été fondé par des français venus en Espagne pour l’aider à se libérer des arabes qui l’ont envahi en 711 via Gibraltar.
Alphonse III des Asturies (848-910) veut reprendre en mains les frontières naturelles des Asturies que sont le Douro et l’Ebre. C’est ainsi qu’en 868, le roi envoie Vimara Peres à la conquête de la vallée du Douro. Vimara Peres (820-873) est un seigneur de guerre né en Galice. Par ordre du roi, il a pour mission de reprendre en mains les terres qui sont au nord du Douro et qui sont alors sous la domination des maures. L’objectif principal étant de prendre possession de la ville romaine de Portus Cale (Porto) qui se trouve sur le Douro. C’est chose faite en 868. Vimara Peres fait fuir les maures de l’autre côté du fleuve. En guise de récompense Alphonse III des Asturies met Vimara Peres à la tête du comté de Portucale, nouvellement créé. Il administre alors le comté et crée une ville non loin de Braga qui prend le nom de Vimaranis (Guimarães). Il y meurt en 873 et laisse derrière lui la première dynastie des comtes de Portucale qui prend fin en 1071
Nuno Mendes (1050-1071), comte de Portucale et dernier descendent de Vimara Peres meurt à la bataille de Pedroso en février 1071. Appuyé par la bourgeoisie du comté, Nuno Mendes s’engagea dans une lutte pour l’indépendance du comté contre le royaume de Galice. Mais, avec la défaite de Pedroso et sa mort lors de la bataille le projet est abandonné et le comté revient aux rois de Galice.
L’ascension des Bourguignons
Deux bourguignons s’illustrent dans le royaume de Léon. Le premier est Raymond de Bourgogne (1070-1107) et le second Henri de Bourgogne (1066-1112).
Raymond de Bourgogne est né à Besançon. Il est le fils du comte de Bourgogne Guillaume Ier et le frère du pape Calixte II (1050-1124). Henri de Bourgogne est lui le fils cadet du duc de Bourgogne Henri le Damoiseau et donc l’arrière petit fils du roi de France Robert II (972-1031).
Les deux nobles ne peuvent prétendre au titre de comte pour l’un et de duc pour l’autre à moins que leurs aînés ne meurent tous. C’est pourquoi, ils partent en direction de la péninsule ibérique pour combattre les maures et espérer recevoir une terre du roi Alphonse VI du Léon (1043-1109). Les deux seigneurs de guerres s’étant montrés particulièrement courageux et ayant permis de défendre le royaume se voient recevoir une terre.
Raymond de Bourgogne est le premier à recevoir une terre du roi de Léon. En 1091, il épouse Urraca, la fille du roi et reçoit le comté de Galice. Plus tard en 1093 , pour faire en sorte de mieux défendre la région du Douro, le roi de Léon offre à Henri de Bourgogne sa fille illégitime Thérèse de Léon et le comté de Portucale.
Mais, en l’an 1109, le roi Alphonse VI meurt. Le trône doit alors revenir à Urraca la comtesse de Galice. C’était sans compter sur son fils Alphonse qui entre dans la lutte pour le trône. Henri de Bourgogne profite alors de ce conflit pour tenter de s’émanciper petit à petit de l’emprise du royaume de Léon et de Galice. Mais, celui-ci meurt en 1112 et laisse le comté entre les mains de sa femme qui assure la régence pour son fils Afonso Henrique âgé alors de trois ans (Alphonse Henri qui est le simplifié de Alphonse fils de Henri). Dona Teresa entre alors en conflit avec sa demi-soeur la reine Urraca pour assurer sa légitimité à gouverner le comté. Avec l’appuie de la Galice, Dona Teresa réussit et gouverne le comté sous l’influence de son allié.
En 1122, sous la pression de l’Archevêque de Braga, le jeune Afonso Henrique exprime sa volonté d’être à la tête du comté en étant fait chevalier.
Il doit alors lutter contre sa mère et le comte de Galice qui ne sont pas prêts à quitter le pouvoir.
Le jeune comte depuis son enfance a été entouré d’hommes qui cherchaient l’indépendance du comté. En effet, la plupart des bourgeois et des seigneurs étaient contre l’influence de la Galice. Ils virent donc en Afonso Henrique la possibilité de mettre fin à cette influence. Mais surtout, les barons pensaient pouvoir faire du comte un pantin. Ils se révoltent donc en 1128 contre l’influence de la Galice et choisissent Afonso Henrique comme lideur.
C’est ainsi, que le 24 juin 1128 les troupes du comte affrontent les troupes de sa mère et du comte de Galice. La victoire est acquise pour le futur roi du Portugal tandis que sa mère fuit en Galice où elle mourra quelques années plus tard.
Afonso Henrique avait entre ses mains la pleine possession du gouvernement du comté. Il se lança alors dans une grande chevauché contre les maures. En 1139, le comte se trouve dans l’actuel Alentejo au milieu des possessions mauresques à l’ouest de la péninsule. C’est là, que le destin du Portugal se joue.
Naissance du Royaume de Portugal
25 juillet 1139, dans les plaines de l’Alentejo la petite armée du comte de Portucale fait face à une armée Almoradives supérieur numériquement.
La légende nous dit que tel Constantin avant la bataille du Pont-Milvius, Afonso Henrique vit le Christ en songe. Le Christ lui aurait alors promis la victoire sur les sarrasins avec l’aide de Saint Jacques le Mata Mouro (Tueur de Maures), patron de la Reconquête .
L’armée du comte s’élance alors contre les almoradives et comme de nombreuses fois dans l’histoire le plus faible l’emporte sur le plus fort. Afonso Henrique est alors proclamée Rex Portucalensis par ses barons. Le Royaume de Portugal est né. Toutefois, il est difficile de démêler le vrai du faux. Car, cette bataille devient un acte fondateur uniquement au XVIème siècle. La légende s’est construite petit à petit. Aujourd’hui on en vient même à se demander si la bataille à réellement eu lieu. Car, si la littérature portugaise parle beaucoup de l’événement, du côté des vaincus nous ne disposons d’aucune sources. Et pourtant vaincre cinq gouverneurs Almoradives et perdre face à une petite armée aurait dû faire grand bruit dans le monde arabe.
Ce qui est certain, c’est que c’est à cette époque qu’Afonso Henrique porte le titre de roi.
Pourtant, le roi de Léon, Galice et Castille qui s’était proclamé Imperator Totius Hispaniae ( Empereur de toutes les espagnes) ne voyait pas cela d’un bon œil. Le pape non plus d’ailleurs. Jusqu’en 1143, le nouveau roi de Portugal n’a de cesse de lutter contre le pouvoir royal d’Alphonse VII (1105-1157). Mais, le pape avait besoin de l’unité du monde chrétiens pour continuer les croisades. C’est pourquoi le 4/5 octobre 1143 est signé le traité de Zamora. Ainsi Alphonse VII dit l’Empereur reconnaît l’indépendance du Portugal et en échange le Portugal reconnaît Alphonse VII comme étant son empereur. Dans les faits, le roi de Portugal ne prêtera jamais hommage à l’Empereur comme ça pouvait être le cas dans le Saint-Empire Romaine Germanique.
Dès lors, le roi de Portugal s’empresse de trouver une femme pour mettre en place sa dynastie. Il épouse alors Mathilde de Savoie, fille du comte Amédée III de Savoie, en 1146. De cette union naîtra sept enfants, dont l’héritier Sanche Ier.
Toutefois, la vie du roi ne s’arrête pas là. S’il avait pénétré dans les terres Almoradives en 1139 il n’avait pas encore fait de réelles conquêtes. C’est pourquoi en 1147, Alphonse-Henri s’intéresse à la ville d’Al-Lixbûnâ qui n’est autre que Lisbonne. En réalité c’est la quatrième fois que le roi assiège la ville. La première fois s’était en tant que comte et la dernière fois il avait été aidé par les croisés sans pour autant réussir à prendre la ville.
En juin-juillet le siège commence. L’armée du roi dispose du soutien des croisés venus de France et d’Angleterre. Les croisés devaient permettre d’entrer dans la cité grâce aux catapultes et au tour de siège, et devaient aussi éviter l’arrivée de renforts par mer grâce à un blocus mené par environ 160 navires. Quant à l’armée portugaise elle devait entrer dans la ville avec le reste des croisés. Le 23 octobre de la même année, les armées pénètrent dans la ville. La ville est alors pillée, les hommes massacrés, les femmes violées et ce quel que soit leur religion. N’oublions par que l’ouest de la péninsule fut très peu marqué par l’implantation des maures et qu’ils restaient encore beaucoup de chrétiens. Les chroniqueurs considèrent qu’environ 30 000 personnes périrent. En novembre la ville devint officiellement portugaise avec la célébration d’une messe ordonnée par le roi.
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